lundi 23 février 2009

Les raisons de la crise synthétisées...

Jean-Marc Jancovici, consultant et enseignant, et Alain Grandjean, économiste, viennent d'écrire un ouvrage tout juste paru qui sera sans aucun doute une des contributions majeures de cette année à la problématique de la survie de la civilisation. Je prends la liberté de publier un extrait de "C'est maintenant: 3 ans pour sauver le monde" afin d'inciter le lecteur à se procurer ce livre (malheureusement) incontournable aujourd'hui.

"... Et la consommation, c'est évidemment l'intérêt des banques, qui multiplient les cartes de crédit et toutes les formes de prêts possibles et imaginables, la plus gratinée étant l'invention extraordinaire de la "recharge hypothécaire", qui est née outre-Atlantique, et que Nicolas Sarkozy rêvait d'introduire en France jusqu'à ce qu'une certaine crise des subprime lui fasse comprendre que finalement ce n'était pas une si bonne idée (pour se rafraîchir la mémoire, et sans méchanceté à l'égard de Monsieur Sarkozy). Le principe est d'une simplicité biblique: le banquier ne vous prête pas sur la base de vos revenus, mais jusqu'à concurrence de la valeur de votre patrimoine, quels que soient vos revenus. A tout moment, si le montant de votre encours est inférieur à la valeur hypothécaire de votre bien immobilier, il suffit de lui demander et votre banquier est un mec formidable. Tel le père Noël à qui il suffit de demander, il va vous faire un joli petit prêt à la consommation, garanti en prenant une hypothèque sur votre patrimoine. Le tout petit revers de la médaille est que, si vous ne pouvez plus rembourser le prêt contracté pour partir en vacances ou pour acheter le dernier modèle de canapé, on saisit votre maison et on vous fiche dehors, mais vous seriez malvenu de râler pour si peu, hein ?

Le crédit hypothécaire a été une des inventions magiques pour consommer aujourd'hui le produit du travail de demain, en prenant des garanties sur un bien dont la valeur de marché ne peut évidemment que monter, puisque la croissance perpétuelle est garantie sur facture par tous ceux qui ont des promesses à faire. C'est sur ce principe de croissance perpétuelle que sont basés, pour partie, les prêts subprime, qui consistent à prêter à des ménages aujourd'hui incapables de rembourser leurs échéances, en pariant sur le fait que grâce à la croissance économique, ils le pourront demain, ou à défaut que la même croissance aura fait moner le prix de l'immobilier qui sera saisi pour rembourser l'emprunt. Mais si la croissance n'est pas là, la belle construction intellectuelle s'écroule: les emprunteurs n'ont toujours pas de revenus suffisants, et le marché immobilier se retourne, la garantie représentée par valeur de l'actif ne valant guère mieux qu'un pet de lapin. Changement d'ambiance garantie ! Le château de cartes s'effondre. La fête est finie, la gueule de bois est sévère. Personne n'avait vu le coup venir ? Il suffisait pourtant de regarder une courbe pour comprendre que cela allait se passer; sans pouvoir dire quand exactement: celle de la production future du pétrole. Avec un plafonnement déjà survenu ou imminent (le peak oil), et donc un prix de l'énergie qui va s'orienter structurellement à la hausse dans un monde non préparé, il était évident que la croissance attendue finirait par ne plus être là (faut-il rappeler que depuis 1970, dans la zone OCDE, la croissance faiblit - voire devient négative - et le taux de chômage augmente quand le prix du baril monte, mais avec un à trois ans de décalage). Que personne n'ait rien vu venir montre surtout une chose: que le dicours tenu dans le présent ouvrage, sur le lien très fort entre contrainte énergétique et contrainte économique, est ignoré d'à peu près tout le monde dans les milieux bancaires et financiers !

Ce blocage financier va maintenant générer une belle crise économique, puisque le crédit est ce qui a permis pour une large part l'augmentation de la consommation des dernières années. La machine va se gripper et cela risque d'être très fâcheux pour ceux qui rêvent d'avoir accès à cette société de consommation et qui n'y parviendront pas. Très fâcheux aussi pour ceux qui vont constater que leur pouvoir d'achat, en fait leur pouvoir de consommer, va se réduire d'année en année, alors que "personne ne les a jamais prévenus". Très fâcheux pour les hommes politiques qui auront eu la vanité de se présenter comme des magiciens du pouvoir d'achat, et qui auraient mieux fait de se taire ou de retourner à l'école. Très fâcheux enfin pour la paix dans le monde, qui résiste mal à un océan de frustrations.

Il est grand temps de se réveiller et d'ouvrir les yeux. Nous allons devoir réduire notre consommation matérielle parce qu'elle a atteint un niveau qui n'est tout simplement pas durable. Pour le moment, rares sont ceux qui l'on compris. Pour combien de temps encore ?".

Une piste pour mieux vivre la crise qui s'installe ? Je suggère de regarder le message précédent "Réflexions sur l'art et la consommation d'énergie".

Et mon commentaire sur Amazon.fr.

jeudi 5 février 2009

Réflexions sur l'art et la consommation d'énergie

L'histoire de l'humanité est une longue succession d'échecs, parsemée bien sûr de quelques rares pierres précieuses. Depuis que l'Homme a reçu la capacité de calculer et de se projeter dans le futur, les tribus, les peuples, les empires, épuisant systématiquement les ressources sur lesquelles ils avaient fondé leur croissance, ont été forcé de conquérir de nouveaux territoires, perpétuant l'égoïsme, la bestialité, le cynisme, la compétition. L'expansionnisme qui a accompagné le développement de la civilisation était rendu possible par l'existence de nouvelles frontières, de terres vierges à mettre en coupe (voir Jared Diamond, Joseph Tainter ainsi que Le 8ème Jour de la Création de Jacques Neyrinck). Depuis quelques décennies, le monde développé (et lui-seul) vit une sorte de trêve, sur le plan militaire. La lutte se poursuit, féroce, sur le front de l'économie. La destruction s'est accélérée: nous dévorons notre capital plus rapidement d'année en année. Cela s'appelle "croissance du PIB".

Assis à mon piano, je n'arrive pas à me concentrer sur ma nouvelle pièce. Je réfléchis: l'humanité a-t-elle produit des créations qui ne se sont pas retournées contre elle-même ................ ? La musique serait-elle une de ces créations ? Pas n'importe quelle musique bien entendu. Il est des musiques qui élèvent l'âme, qui vous relient à Ce qui dépasse la nature humaine. D'autres musiques nous ramènent à notre animalité, d'autres encore voudrait faire croire que le monde, et soi-même, sont des machines ...

Apprendre une oeuvre qui vous transcende consomme si peu d'énergie; l'effort - souvent rude - est intérieur. Le compositeur qui nous a légué ce morceau d'éternité n'a pas non plus nourri l'épuisement effréné des ressources. Sa recherche a, elle aussi, été intérieure. La pratique d'un art demande de la persévérance, des sacrifices et du temps, beaucoup de temps. Du temps qui n'est plus disponible pour faire du shopping, pour dévorer des kilomètres d'autoroute, pour sillonner la planète en tirant sa valise derrière soi ...

Nous allons très bientôt devoir apprendre à réduire notre consommation, à simplifier, à nous priver. Si ce n'est pas cette crise qui installera le processus de frugalité, ce sera la suivante, bien plus terrible, bien plus durable. Il est très difficile pour chacun de renoncer, de réduire un train de vie considéré comme allant de soi. Une manière habile de "faire passer" la chose consiste remplacer les matériaux dont on se défait par de nouveaux éléments. Où trouver ces matériaux nouveaux ? Dans l'art, dans la spiritualité, dans l'altruisme et la fraternité. Ces domaines, si on les développe, sont de nature à petit à petit diminuer notre appétit pour la consommation sans contrainte. Et il n'est peut-être pas déraisonnable de prendre un peu d'avance pour se préparer, pour se recentrer sur des objectifs qualitatifs, et pour préparer ses enfants, si vous en avez ! Dans les temps de privation qui s'annoncent, ceux qui se seront détachés du quantitatif seront moins affectés et auront moins de difficultés pour prendre des décisions qui leur permettront de rester des humains !

dimanche 1 février 2009

Le désinfectant de Bush ....

Extrait d'un article du journal Le Temps du 31 janvier 2009

(...) Mercredi, alors que les élus républicains venaient de voter contre le plan de relance de l’économie voulu par le président (Obama), celui-ci en accueillait quelques-uns pour un cocktail «improvisé» et un échange de vues. George Bush, évidemment, recevait des visiteurs lui aussi. C’est à la Maison-Blanche qu’il avait rencontré le sénateur Obama la première fois, il y a quelques années. Il lui avait serré la main. Puis, comme à son habitude, il s’était consciencieusement passé du désinfectant sur les mains.