dimanche 23 novembre 2008

Le protectionnisme a longtemps été un gros mot, mais ...


La grande banque suisse UBS en difficulté annonce une refonte de son système de bonus, avec notamment l'introduction d'une échelle de malus. Certains font remarquer à bon escient que, en raison de sa position d'acteur important dans le paysage bancaire international, UBS doit pouvoir attirer les meilleurs talents pour constituer son management et, pour cela, être en mesure de proposer des conditions de rémunération compétitives et motivantes.

En l'absence d'institutions ayant autorité au niveau mondial, la concurrence qui s'exerce à l'échelle planétaire rend pratiquement impossible la mise en place de bonnes pratiques, que celles-ci concernent les rémunérations, le secret bancaire, le travail des enfants ou les normes de production écologiques. S’est mondialisée la concurrence, mais pas la réglementation qui devrait en limiter les excès. Les prix trop bas de l'énergie, qui rendent le transport indûment bon marché, attisent encore la concurrence, ceci dans le contexte d'une planète en voie d'essoufflement, qui rend crédible la perspective à moyen terme d'un crash civilisationnel.

L'idée, défendue par Emmanuel Todd, de la restauration du protectionnisme, n'a rien d'un retour en arrière. L'Europe dispose de l'arsenal institutionnel qui lui permettrait de bénéficier de la mise en oeuvre d'un protectionnisme communautaire. Celui-ci devrait être accompagné d'un réalignement radical du système de production et de consommation sur un objectif de reconversion énergétique, d'économie de ressources et de protection de la biosphère.

Nous vivons une période charnière. Les menaces sur notre avenir s'accumulent. A cout terme, une crise économique majeure s'annonce. Il est permis de douter qu’elle offre un réel répit au pillage des ressources de la planète. Il est urgent de prendre des mesures énergiques pour mettre un terme au sur-développement dont souffrent nos sociétés occidentales. La limitation de la concurrence par le protectionnisme en constitue le prérequis.

De l'utilité des gains de productivité ...


Genève-Casablanca pour 48 CHF (30 EUR), l'inflation d'une consommation toujours plus inutile et dénuée de sens, les bouleversements climatiques, la surexploitation des ressources, la composante démographique (occultée à tort), et maintenant la crise financière, essentiellement causée par un excès de cupidité, crise qui annonce une très grave récession de niveau planétaire ... L'évolution de l'humanité ces récentes années a un caractère affligeant, sinon pathétique. Il est évident que nous sommes devenus les esclaves - et les otages - d'un système économique et civilisationnel implosif que nous ne contrôlons plus. Rien d'original dans ce constat !

Notre système économique place au premier plan les gains de productivité. Ceux-ci, à la manière dont ils sont utilisés pour augmenter une consommation déjà galopante, entraînent une (sur)exploitation croissante des ressources de la planète. Aujourd'hui, il est raisonnable de dire que les gains de productivité ne sont souhaitables et défendables que si ils sont affectés à réduire l'impact énergétique et écologique de notre civilisation. Sinon, ils constituent autant de "crimes" contre l'humanité, surtout contre celle qui viendra après nous.

Il est par conséquent logique de défendre l'idée que, tant que les objectifs fondamentaux de notre économie n'auront pas été radicalement repensés, la productivité doive être réduite, ce qui entraîne, pour l'individu, moins de stress, une meilleure qualité de vie et plus de temps pour introduire du sens dans son existence. L'idée est certes à l'opposé du "travailler plus pour gagner plus". Mais n'est-il pas temps de laisser tomber ces vieilles idées héritées du siècle passé afin de se concentrer sur le siècle courant et sur son impact sur le siècle prochain ?