dimanche 29 juin 2008

Albert Jacquard, réflexions sur l'avenir de notre planète ...



Dans la vidéo ci-dessous, Albert Jacquard est interviewé par Pierre Maisonneuve, de Radio Canada. Pierre Maisonneuve, par ses questions, exprime le point de vue de l'homo oeconomicus libéral, avec des positions volontairement cyniques et politiquement très incorrectes. Albert Jacquard y répond de manière pragmatique et dépassionnée, en des mots simples et vrais. Son analyse est lucide et dépeint de manière claire la situation de notre terre telle qu'elle se révèle dans l'actualité quotidienne. Monsieur Jacquard propose des solutions. Eduquer représente une production de richesse qui n'épuise pas les ressources de la planète. L'éducation est la seule manière efficace de stabiliser l'explosion démographique des pays sous-développés.

J'ajouterais que le monde dit développé manque cruellement lui-aussi d'éducation. En s'éduquant aux vraies valeurs, en prenant conscience de se que signifie le sens de la vie, en acquérant le goût pour les activités qui font plus qu'apporter simplement du plaisir - les arts par exemple -, nous réduisons notre consommation, nous cessons de nous intéresser exclusivement à des objectifs quantitatifs, nous devenons capables de partager ...

Autre thème: notre terre ne peut pas supporter plus d'un milliard de personnes consommant selon les standards du monde développé. Or, nous sommes désormais six milliards. Dans vingt-cinq ans, nous serons huit milliards (et neuf à dix à la fin du siècle). Cela signifie-t-il que nous devons nous résoudre, nous pays développés, à prendre les mesures sécuritaires adéquates pour "forcer" les cinq autres milliards à se contenter d'une vie au-dessous du seuil de pauvreté ? A cette question provocante, Monsieur Jacquard répond que ce n'est pas possible, sans toutefois avoir l'occasion de développer sa position. Tentons un début de réponse: la globalisation ne concerne pas que l'économie. L'équilibre écologique de la planète se conçoit lui aussi de manière globale. Peut-on réellement imaginer que le milliard d'"élus" dont nous faisons partie puisse subsister alors que les cinq milliards de "parias" auront rasé toutes les forêts et vidés tous les océans pour se nourrir ? ...

Cliquez pour visionner l'interview (durée: 40' 58'').

samedi 7 juin 2008

Une parcelle de paradis …

Il est des lieux et des occasions où l’on reçoit un avant-goût de ce que pourrait être un monde pacifié, une terre peuplée de personnes de bonne volonté, une société d’équilibre et d’harmonie. Le pianiste débutant que je suis a vécu un tel moment magique en se rendant à la soirée Emerveillement Musical à la Fondation Résonnance sise au 9, Avenue du Plan à Morges (Suisse), dans un charmant pavillon à l’écart dans le jardin d’une maison de maître.

La première chose qui frappe le visiteur néophyte, c’est la qualité de l’accueil. Sourires, présentations, poignées de main. D’emblée, ce sentiment merveilleux de se trouver en bonne compagnie, en présence de personnes non seulement amoureuses de la musique, mais avenantes, détendues, chaleureuses, humaines. En passant devant le secrétariat aux parois vitrées, les yeux sont attirés par une dame, belle, lumineuse, en tenue de gala, l’instigatrice de ce lieu, la pianiste Elisabeth Sombart, laquelle viendra plus tard gentiment saluer les nouveaux …
Ensuite, on pénètre dans la salle de réunion où sont disposées plusieurs rangées de chaises, un sofa, des fauteuils. Ambiance intimiste, de bon goût. Un écran de cinéma, 2 enceintes haute-fidélité classieuses, un équipement de projection … Et le phantasme du pianiste : non pas un mais des pianos … A l’avant plan, un immense piano à queue de concert, paquebot noir interminable de majesté, accompagné d’un piano à queue à peine moins imposant. Et à l’arrière de l’écran, 2 autres pianos demi-queue ... Le tout dégage une atmosphère de temple, calme, sérénité, élévation, alors que l’esprit se prépare à vivre des moments de communication intenses avec la musique.

Après une première partie introductive et érudite sur le thème du jour, le compositeur Ludwig van Beethowen, par le musicologue et professeur de piano Jean-Marc Aymon, nous avons la joie d’écouter le 3ème mouvement de la sonate la Tempête du même compositeur joué par Elisabeth Sombart. J’éprouve le besoin de me pincer pour vérifier si je ne rêve pas : avoir le privilège d’écouter une artiste de renom international interpréter une œuvre sur un piano se trouvant presque à portée de main … C’est un peu le sentiment d’être convié à la table des dieux qui m'habite …

La Fondation Résonnance a été créée par Elisabeth Sombart dans le but de permettre à des personnes de recevoir gratuitement des cours de piano de qualité sans distinction d’âge ou de niveau. L’autre activité principale de la Fondation réside dans l’organisation bénévole de récitals de piano dans des EMS, des hôpitaux ou des prisons. La Fondation constitue au départ un acte de générosité et d’humanisme. Sur ce terreau favorable se développe une structure à laquelle viennent se greffer de nombreuses bonnes volontés, des personnes qui contribuent de leur temps, de leur présence, de leurs compétences et de leurs dons. La finalité est la beauté, l’harmonie, le partage : la musique classique élève ceux qui l’écoutent et enrichit les personnes qui font l’effort d’apprendre à la jouer. La promouvoir est une manière d’apporter de précieux rayons de lumière dans un monde qui trop souvent donne la parole à la grossièreté, aux instincts et à la facilité.

La soirée terminée, nous quittons cet endroit avec un sentiment de profonde gratitude. Oui, le don existe, oui, la qualité, le raffinement, l’élévation ne sont pas seulement réservés à quelques privilégiés. Un grand Maître n’a-t-il pas dit il y a 2000 ans : « demandez, et vous recevrez, frappez, et l’on vous ouvrira !» ?


3è mouvement de la sonate la Tempête de Beethowen, Wilhelm Kempff